LES CONFESSIONS DU MONSTRE - Fanny Taillandier
Un fils unique élevé dans l'amour devient ce cadre supérieur gagnant très bien sa vie, épicurien, bon collègue que tout le monde apprécie, bel homme charmeur et souriant bref, sans histoires et ne voulant de mal à personne. Une vie des plus banales jusqu'à cette fameuse nuit où, sur le parking d'une boîte de nuit et sans raison aucune, il devient un monstre...
Un livre écrit à la première personne du singulier, ce qui nous lie très vite au personnage qui s'adresse directement à nous. J'ai aimé le rythme soutenu de l'histoire même si j'ai ressenti un profond malaise au fur et à mesure que l'auteur met en avant ce qu'elle cherche à démontrer : nous essayons toujours de chercher une cause au mal, un traumatisme vécu durant l'enfance, une souffrance quelconque mais qu'en est-il lorsque "le monstre" que nous avons devant nous est une personne des plus normales et équilibrées qui soit? Nous nous trouvons alors désarçonné. La lente descente aux enfers du "monstre" après son incarcération, rythmée par les diagnostics psychiatriques qui apparaissent, est effrayante. Ce ne sera pas de tout repose mais...à lire!
Mon passage préféré : Nous sommes dans un siècle où la puissance conférée au tueur est telle qu'il est facile à celui-ci de se prendre un Dieu.
Les victimes, ce n'est pas un mystère, n'intéressent personne. D'abord parce qu'elles ne peuvent plus témoigner, et de ce fait perdent tout potentiel audiovisuel. D'autre part, leur destinée ne suscitent un sentiment durable (plus long que la compassion passagère, bientôt balayée par l’égoïsme) que chez un nombre restreint d'individus : la famille, les proches, la partie civile. Leur propre douleur, à son tour, a vite épuisé ses forces communicatives : "dur", dit-on en les voyant - et le temps de ce monosyllabe, l'intérêt s'est détourné vers autre chose, vers ce qui émeut encore, ce qui frémir longtemps le muscle, palpitant sous les os du thorax. C'est à dire qu'on s'intéresse au meurtrier. Peur, haine, désir de vengeance, cruauté rendant sa pareille à la cruauté : voilà ce qui vous plait, voilà ce qui vous passionne.
(Photo prise par Dounia-Doni)
Un peu glauque non?
RépondreSupprimer