TWIST - Delphine Bertholon

Un soir d'été à Guétary, Madison Etchart 11 ans, est enlevée par un homme conduisant une Volvo noire. Aucune trace de la fillette, aucun témoin de la scène de l'enlèvement ; aux yeux de tous, Madison a totalement disparu. 
Elle passera ainsi cinq années dans la cave de R., son ravisseur qui la considère comme "sa locataire" et qui ne lui veut, si on peut dire, aucun mal hormis sa présence chez lui. Durant ces cinq ans, seule l'écriture la sauvera. En effet, Madison tient un journal à travers lequel elle se livre, réfléchit à sa situation, pense aux siens, et parle de R. qu'elle est trop bonne pour haïr. Ce journal deviendra sa seule façon de résister à l'enfermement et représentera pour nous lecteurs le témoin de son évolution, de sa maturité grandissante, du temps qui passe inexorablement.
Leonor, sa mère, inconsolable trouvera elle aussi en l'écriture le moyen de ne pas sombrer. Les lettres écrites à sa fille et secrètement conservées seront le dernier lien qu'elle conservera avec celle dont elle refuse de croire qu'elle a disparu à jamais.
Stanislas, ancien professeur de tennis et ami de la fillette, va lui aussi vivre durant ces cinq ans au rythme de ses émotions en n'oubliant jamais Madi, la vie faisant toujours en sorte de la lui rappeler quand il le faudra...
Ce roman à trois voix nous évoque l'amour et ses liens directs avec la liberté de l'être aimé. Une magnifique ode à l'espoir sauveur qui sommeil en chacun de nous. 
Enfin, ce livre nous montre une fois n'est pas coutume à quel point l'écriture peut sauver une vie. 

J'ai aimé ce livre, je me suis très vite attachée à Madison, d'autant qu'elle incarne malheureusement un fait d'actualité. Cependant, j'ai été "déçue" par certains passages dans lesquels sa voix ne sonne pas juste. Au moment où elle commence son journal, Madison a 11 ans et l'auteur lui prête par moment un vocabulaire inadapté à une fillette de son âge. En effet, nous pouvons aussi bien retrouver dans son journal des réflexions plutôt matures telles que "Il fallait que mon cerveau se reconfigure" et des phrases très enfantines telles que "A ton intérieur, tu as des lignes d'un bleu qu'on dirait dilué dans l'eau et des marges rose"... Hormis ce point, l'histoire de Madison m'a particulièrement touchée, d'autant qu'elle est appuyée par sa mère qui parle aussi au nom de toute la famille. L'espoir qui y est écrit est aussi bien bouleversant que rassurant. 
Mais j'ai été surtout très émue de la manière dont Madison perçoit son bourreau, et j'ai pu comprendre grâce à ce livre, la force du fameux "Syndrome de Stockholm". Une lecture que je vous conseille vivement chers lecteurs!

Mon passage préféré : "Peut-être que tout le monde s'en fout. J'ai raconté mes souvenirs à ton intérieur parce que je voulais croire que tout ça, était du flan, la rançon, mes parents qui ne pouvaient pas payer, tous ces trucs. Je voulais continuer à espérer en pensant à ceux qui m'aiment dehors, garder en mémoire les détails d'avant pour qu'une fois libre, tout redevienne normal au plus vite, effacer cette sale affaire de ma tête et reprendre le cours de ma vie. Mais R. dit que maintenant ma famille me croit morte, vu qu'il n'ont pas payé. Et si ma famille me croit morte, plus personne ne me cherche. J'ai disparu de la surface de la terre, pfffuit, comme une bulle de savon qui éclate. Alors, sauf si un jour R. en a marre de moi, je resterai ici pour toute l'éternité. Mais si R. en a marre de moi, il peut aussi bien m'enterrer dans son "merveilleux jardin", pour que je ne raconte pas ce qui s'est passé, alors j'ai arrêté de trop le chercher parce que, comme dit pas papa, je suis courageuse mais pas téméraire... C'est ce qu'on appelle : SANS ISSUE. J'ai tout essayé. Manger, pas manger. Parler, pas parler, Bouger, pas bouger. Crier, pas crier. Etre gentille, être méchante. Mais rien n'a fonctionné. Tout ce que je sais, c'est que je ne sortirai jamais d'ici, parce que c'est comme si je n'existait plus et ça me prouves le moral au fin fond des Converses, plus profond que dans tout le reste de mon existence."

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