LE MÉPRIS - Alberto Moravia

 

 

Nous sommes en Italie, dans les années 50. Riccardo et Emilia, un jeune couple marié vient d'achever ses deux premières années de bonheur commun lorsque peu à peu et sans savoir véritablement pourquoi, le couple sombre dans la descente au enfers du désamour.
En proie aux problèmes d'argent dus à l'achat de l'appartement dont rêvait sa femme, Riccardo se voit dans l'obligation de mettre ses rêves d'écrivain de côté pour travailler comme scénariste pour un certain Battista. Celui-ci ne tarde pas à les inviter dans sa villa de Capri pour permettre à Riccardo de travailler en toute tranquilité sur son dernier projet : l'adaptation au cinéma de l'Odyssée.      
Cette invitation arrive au bon moment car elle permettra à Riccardo de se rapprocher de sa femme qui, depuis quelques temps et sans explication aucune, est de plus en plus distante avec lui. Mais c'est au cours de ce voyage que Riccardo prendra conscience que sa femme ne l'aime plus...pire : qu'elle le méprise.

C'est un voyage au cœur du couple, de ses contradictions, de ses difficultés et qui met en avant la dureté dont nous pouvons faire preuve à l'égard d'une personne que nous avons pourtant aimé de tout notre cœur. Une véritable "étude psychologique" à travers laquelle sont traitées des questions telles que le bonheur dans le couple mais aussi notre incapacité parfois à le vivre dans l'instant présent, le désir puis la mort de ces sentiments... J'ai trouvé le personnage de Riccardo extrêmement attachant dans sa remise en question, son combat pour retrouver celle qu'il aime et enfin dans son désespoir.
Les références sur Ulysse et son amour avec Pénélope, scénario sur lequel travail Riccardo et auquel il ne va pas tarder à se comparer, viennent ajouter un peu de magie dans ce récit. Un coup de cœur :)

Mon passage préféré : Dans ce cas, me disais-je, j'aurais le courage de lui parler franchement, de provoquer une explication définitive. De cette explication, je le sentais, dépendraient mes rapports avec Emilia et d'autre part aussi mon travail. Après tant de tergiversations et d'hypocrisies, je croyais préférer n'importe quel désastre au prolongement d'une situation malheureusement de plus en plus claire et de moins en moins supportable. Peut-être devrais-je me séparer de ma femme, refuser le second scénario de Battista...ce ne serait que mieux. La vérité, quelle qu'elle fût, me semblait désormais infiniment plus acceptable que cette situation vile et trouble, entre le mensonge et la compassion que j'avais de moi-même...