EN FINIR AVEC EDDY BELLEGUEULE - Edouard Louis
Parcours scolaire, familial et personnel d'un jeune homme pas comme les autres. Eddy "a des manières de filles", il "aime les garçons", mais disons qu'il n'est pas né au bon endroit au bon moment. Dans la Picardie profonde, un petit village où le chômage atteint un record, où l'éducation n'est la priorité de personne et où les habitants partagent leur temps entre alcool et insultes, violence et racisme, Eddy se voit victime chaque jour d'une société au sein de laquelle il n'a de toute évidence pas sa place. Brimades, insultes, coups, harcèlements sont le quotidien de ce petit garçon devenu un adolescent dont la seule solution pour survivre sera la fuite.
Tout au long de ma lecture, j'ai été partagée entre l'envie de refermer ce livre tant l'histoire et les expériences qu'il vit sont atroces, et l'envie irrépressible de comprendre ce qui pouvait encore se passer aujourd'hui, à notre époque, autour de nous. Car si ce roman est en théorie une fiction, on comprend assez vite qu'il s'agit d'une autobiographie qu'Edouard Louis nous livre et à travers laquelle il semble vouloir dénoncer les maltraitances subies par les personnes qui ne rentrent pas les cases d'une société où les apparences sont plus importantes que l'essence de l'individu. Un malaise permanent m'a accompagné au fil des pages de ce livre que je recommande tout de même chers lecteurs. Car il représente pour moi un témoignage poignant mais également un appel à la vigilance sur les maux de la société dans laquelle nous évoluons chaque jour. Un appel à reconsidérer la différence. Un livre très touchant...
Mon passage préféré : "J'étais prisonnier, entre le couloir, mes parents et les habitants du village. Le seul répit était la salle de classe. J'appréciais l'école. Pas le collège, la vie du collège : il y avait les deux garçons. Mais j'aimais les enseignants. Ils ne parlaient pas de gonzesses ou de sales pédés. Ils nous expliquaient qu'il fallait accepter la différence, les discours de l'école républicaine, que nous étions égaux. Il ne fallait pas juger un individu en raison de sa couleur de peau, , de sa religion ou de son orientation sexuelle (cette formule, orientation sexuelle, faisait toujours rire le groupe de garçons au fond de la classe, on les appelait la bande du fond). Mes résultats étaient assez médiocres. Il n'y avait ni lumière ni bureau dans les chambres et il fallait faire le travail scolaire dans la pièce principale, avec mon père qui regardait la télévision ou ma mère qui vidait un poisson sur la même table en marmonnant "C'est pas l'heure de faire des devoirs" (...) Pourtant je m'attachais aux enseignants et je savais qu'il fallait obtenir de bons résultats pour leur plaire, ou au moins que je me battais en dépit de mes difficultés."
Mon passage préféré : "J'étais prisonnier, entre le couloir, mes parents et les habitants du village. Le seul répit était la salle de classe. J'appréciais l'école. Pas le collège, la vie du collège : il y avait les deux garçons. Mais j'aimais les enseignants. Ils ne parlaient pas de gonzesses ou de sales pédés. Ils nous expliquaient qu'il fallait accepter la différence, les discours de l'école républicaine, que nous étions égaux. Il ne fallait pas juger un individu en raison de sa couleur de peau, , de sa religion ou de son orientation sexuelle (cette formule, orientation sexuelle, faisait toujours rire le groupe de garçons au fond de la classe, on les appelait la bande du fond). Mes résultats étaient assez médiocres. Il n'y avait ni lumière ni bureau dans les chambres et il fallait faire le travail scolaire dans la pièce principale, avec mon père qui regardait la télévision ou ma mère qui vidait un poisson sur la même table en marmonnant "C'est pas l'heure de faire des devoirs" (...) Pourtant je m'attachais aux enseignants et je savais qu'il fallait obtenir de bons résultats pour leur plaire, ou au moins que je me battais en dépit de mes difficultés."
Je l'ai lu et j'ai beaucoup aimé. Votre description est conforme au livre. Comme d'habitude, merci Madame Sarou!
RépondreSupprimerC'est assez moche comme histoire et glauque mais en effet un roman à lire
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