POURQUOI LES OISEAUX MEURENT - Victor Pouchet

Lorsqu'il apprend qu'il a plu des oiseaux morts à Bonsecours, ville de son enfance où vit encore son père, Pouchet décide de quitter Paris et son ennui pour aller enquêter sur place. Pour lui c''est une urgence, il faut partir et comprendre (d'ailleurs, pourquoi est-ce que ça ne choque personne qu'il pleuvent des oiseaux morts?!). La thèse sur laquelle il n'arrive plus à avancer, sa dernière rupture douloureuse et sa triste routine mises entre parenthèses, le voici à bord du "Seine Princess", lente et morose croisière descendant la Seine de Paris à Honfleur en passant par Bonsecours. Pour l'accompagner dans son voyage, des livres, un carnet pour y consigner les éléments clés de l'enquête et surtout les souvenirs qui remonteront au fur et à mesure qu'il s'approchera de cette ville "dans laquelle il avait passé les pires et les meilleures années de sa vie, c'est à dire une enfance".
Voici donc un voyage bien étrange, aux innombrables pistes, parsemé de rencontres loufoques, de dialogues et questionnements aussi absurdes que drôles, mené par un personnage à la mélancolie bien touchante...

Ce premier roman de Victor Pouchet est un grand coup de cœur  chers lecteurs!
J'ai adoré le style incisif et décalé de l'écriture qui nous lie assez rapidement à Pouchet (oui, Pouchet comme l'auteur), ce personnage pour le moins attachant. Car nous le comprenons très vite, cette enquête est un moyen pour lui d'échapper à sa tristesse, à sa mélancolie, en partant à la recherche de lui-même ou plutôt d'un sens à donner à cette vie dans laquelle il n'est pas épanoui. Une véritable introspection qu'il partage maladroitement avec nous, ce qui la rend d'autant plus touchante. Nous embarquons donc avec lui dans cette quête de vérité face à un passé trouble dont l'absence du père reste l'élément central.
Malgré tout, l'auteur parvient à donner de la légèreté à son histoire car il la traite avec beaucoup d'humour, d'ironie, d'autodérision et d'absurde qui font sourire au fil des pages et des paysages.
Bref, un roman Humain que je vous conseille vivement!

Mon passage préféré : "J'avais embarqué à bord comme l'on s'engage dans une grande aventure qui s'était transformée en petit n'importe quoi qui se retransformerait peut-être en grande aventure, qui sait. (L'inverse était bien-sûr possible : j'avais signé pour un pour un petit n'importe quoi en espérant qu'il se transforme etc.) J'espérais faire de ma fuite une expédition et je commençais à prendre plaisir à ce tourniquet, voilà ce qui avait changé. La plupart du temps, j'ai cette impression persistante que le réel me résiste : les objets, ma volonté, les êtres humains, tous se liguent contre moi pour m'empêcher. Dans ces cas-là, seuls l'anecdotique, le faux pas, l'insensé minuscule me sauvent. Il suffit d'une faute de frappe du réel pour me sentir comme vengé : mon regard peut à nouveau se poser avec amour sur ce monde, non parce qu'il deviendrait tout d'un coup aimable, mais parce qu'il confirme qu'il est absurde".


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