LES ECHELLES DU LEVANT - Amin Maalouf

"Cette histoire ne m'appartient pas, elle raconte celle d'un autre". Libanais immigré en France, le narrateur (un journaliste) va reconnaître dans une rue de Paris un homme dont la photographie apparaissait dans son manuel d'Histoire. Cet homme, Ossyane Ketabar, se trouve à Paris dans l'attente d'un rendez-vous très important, qui se tiendra dans quatre jours...ce qui lui laisse le temps de raconter à son nouvel ami journaliste, sa vie aux multiples destins. 

A travers le récit de sa vie, Ossyane nous fait voyager de la Turquie, où sa riche famille longtemps régné, au Liban en passant par la France où il partira faire ses études. Mais rien ne se passe comme prévu et la seconde guerre mondiale éclate lorsqu'il se trouve à Montepellier. Ossyane, venu alors pour tenter d'échapper aux projets révolutionnaires qu'échafaudait pour lui son père, et réaliser son rêve de devenir médecin va finalement s'engager dans la résistance où il finira par rencontrer Clara, une juive autrichienne. Après avoir essuyé une guerre, le couple décide de s'installer au Levant, entre Haïfa et Beyrouth jusqu'au moment où éclate le conflit Israélo-Palestinien qui ravagera bien des vies et dont les conséquences précipiteront Ossyane dans la folie.

Une fois de plus, c'est un énorme coup de cœur pour le grand Amin Maalouf dont le style unique m'enchante un peu plus à chaque fois. Des personnages aux destins spectaculaires, des décors parfois semblables à ceux des milles et une nuits, de belles leçons d'Histoire et le tout en soulevant et traitant de véritables questions de fond sur les conflits actuels. Ca n'est pas pour rien que l'on dit de Amin Maalouf qu'il est un Magicien!
(Pour ceux qui ne connaissent pas du tout cet auteur, je vous conseille de le découvrir avec Samarcande, la biographie du célèbre poète persan Omar Khayyâm, tout simplement magnifique).

Mon passage préféré :  Sur mes épaules reposaient désormais tous les rêves de mon père. Et quels rêves! Prenez mes propos comme une sorte de rire nerveux. Ou de ricanement honteux. Car ce monde dont il a rêvé, ce XXe siècle qui aurait prolongé le XIXe dans ce qu'il avait de plus noble, j'en ai rêvé moi aussi. Et si j'avais gardé aujourd'hui le courage de rêver, j'en rêverais encore. En cela, nous nous ressemblons...comme père et fils, si vous me pardonnez cette banalité. Là où je ne le suivais plus, lorsqu'il commençait à dire que le monde a besoin, pour le réveiller et lui tracer la voie, de quelques hommes d'exception, de révolutionnaires qui auraient les pieds en Orient et le regard vers l'Occident. Lui, son regard, c'est vers moi qu'il le dirigeait. J'étais censé comprendre que l'homme providentiel, celui dont on attendait des miracles, c'était moi.

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