VIVRE PRES DES TILLEULS - L'Ajar
A sa mort, les archives de l'écrivaine Esther Montandon reviennent à Vincent Konïg en charge d'en effectuer le tri. C'est par hasard qu'il ouvre cette enveloppe sensée contenir des "factures" mais qui recèle en réalité des pages et des pages de confidences sur le drame que celle-ci a vécu sans jamais en parler. Esther a perdu sa fille dans un terrible accident domestique et ne trouve qu'en l'écriture de ce journal le moyen de survivre à la douleur, aux remords, au deuil et les sursauts de vie qu'il peut malgré tout contenir, à ce chemin à travers lequel l'entourage peut parfois blesser sans le vouloir, à l'injustice et plus que jamais à la nécessité de continuer à avancer…
Ce livre est tout simplement un chef d'œuvre.
Sur la forme; il s'agit d'un collectif de dix-huit jeunes auteurs suisses qui n'ont connu ni le fait romancé (la perte d'un enfant) ni l'époque à laquelle le drame est sensé se dérouler (les années soixante). Le récit est court, pour autant, sa fluidité n'est a aucun moment rompu par la différence de style qui aurait pu naître de dix-huit plumes différentes. Une fois encore, l'écriture l'emporte sur la réalité et les conventions.
Sur le fond; la précision des sentiments décrits est subjuguante. Si l'on n'est pas renseigné sur ce superbe procédé d'écriture collective, nous pourrions croire tenir dans les mains le témoignage à vif d'une mère endeuillée. Une brillante performance littéraire. A lire absolument !
Mon passage préféré : Il dit que je dois nager lentement si je ne veux pas me noyer. Les psychiatres sont des imbéciles de profession. Le pauvre homme ignore que je ne souffre pas d'un manque, mais d'une ablation. Comment pourrais-je nager sans la moitié de mon corps? Aucun subterfuge de l'inconscient, aucune dimension totémique, médicale ou alcoolique ne saura me combler, me pousser plus loin. Il n'y a que moi.
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