L'EMPREINTE DE L'ANGE - Nancy Huston

Mai 1957. Saffie à vingt ans lorsqu'elle quitte l'Allemagne pour rejoindre Paris avec une petite valise à la main et aucun but précis. Cependant pour subvenir à ses propres besoins, elle répond à l'annonce passée par Raphaël Lepage, un flutiste de renom qui cherche une bonne à tout faire dans son grand appartement bourgeois. Très vite, Raphaël tombe amoureux de la jeune allemande et la demande en mariage. Entre deux silences, elle accepte de devenir son épouse et même la mère de leur premier enfant Emil avec lequel elle va passer le plus clair de son temps, son mari étant souvent en voyage en tournée.
C'est en amenant un jour la flûte de son mari pour une simple réparation qu'elle va rencontrer Andreas, le luthier, un juif hongrois. Une douloureuse passion naîtra bientôt entre ces deux êtres détruits par les passés et atrocités subies dans leurs pays respectifs. L'histoire clandestine de ces deux âmes soeurs leur permettra enfin d'exorciser les démons qui les hantent pour laisser place à des êtres d'une douceur si touchante. Dans un Paris vibrant au rythme de la guerre d'Algérie, nous suivons une Saffie scindée entre les silences de sa vie sur la rive droite auprès de son mari et son incandescente révélation lorsqu'elle rejoint Andréas dans son petit atelier situé dans un quartier populaire de la capitale. Deux mondes, la guerre et ses ravages et deux êtres qui tentent malgré tout de goûter pour une fois dans leur vie au repos qu'offre le regard amoureux de l'autre...

Encore une fois, c'est un énorme coup de coeur pour Nancy Huston dont la plume me séduit un peu plus à chaque livre. Dans "L'empreinte de l'ange", elle parvient à nous toucher par l'histoire de chacun des personnages tout en nous sensibilisant aux terribles faits historiques de l'époque de la guerre d'Algérie qu'elle restitue avec beaucoup de finesse. Un roman qui m'est allé droit au coeur et dont je ne suis pas sortie indemne mais que je vous conseille de lire chers lecteurs. 

Mon passage préféré : Dans chaque histoire d'amour fou il y a un tournant ; cela peut venir plus ou moins vite mais en général cela vient assez vite ; la plupart des couples ratent le tournant, dérapent, font un tonneau et vont s'écrabouiller contre le mur, les quatre roues en l'air. La raison en est simple : contrairement à ce qu'on avait cru pendant les premières heures, les premiers jours, tout au plus les premiers mois de l'enchantement, l'autre ne vous a pas métamorphosé. Le mur contre lequel on s'écrase après le tournant, c'est le mur de soi. Soi-même : aussi méchant, mesquin et médiocre qu'auparavant. La guérison magique n'a pas eu lieu. Les plaies sont toujours là, les cauchemars recommencent. Et l'on en veut à l'autre de ce qu'on n'ait pas été refait à neuf ; de ce que l'amour n'ait pas résolu tous les problèmes de l'existence ; de ce que l'on ne se trouve pas, en fin de compte, au Paradis, mais bel et bien, comme d'habitude, sur Terre.

Commentaires

Articles les plus consultés