LA CHAUSSURE SUR LE TOIT - Vincent Delecroix
Dans un immeuble Parisien, dans un quartier populaire, une chaussure se retrouve sur le toit. Personne ne sait comment ni ce qu'elle fait là. Mais cette chaussure représentera le lien entre chacun des habitants de cet immeuble qui, à des âges et moments bien différents de leurs vies respectives, auront en commun une certaine mélancolie, des interrogations existentielles sur fond d'un sentiment de solitude. Ils nous livreront chacun leur tour, le temps d'un chapitre, une partie de leur histoire.
Entre autres, une petite fille rêveuse, un immigré sans papiers, un présentateur télé effaré par la médiocrité de sa vie, un chien, un homme dépressif... voici une bien étrange galerie de personnages tous aussi différents qu'ordinaires à travers lesquels chacun pourra se retrouver. Une dizaine de petites nouvelles de destins croisés où l'humour de l'auteur nous permettra de relativiser parfois la mélancolie de ces récits...
N'étant pas forcément une adepte des nouvelles, j'ai adoré ce livre dans lequel chaque chapitre représente une petite histoire qui n'a de lien avec la précédente que cette mystérieuse "chaussure sur le toit". Les personnages et leurs pensées sont admirablement bien décrits et nous embarquons facilement, le temps d'un chapitre, avec eux à un moment précis de leur vie. J'ai aimé rentrer dans l'appartement et donc dans l'intimité de ces personnages qui nous livrent une bien étrange histoire.
L'écriture est à la fois drôle et poétique, très fluide dans l'ensemble, ce livre se lit très facilement.
Pour moi c'est un succès que je vous conseille vivement chers lecteurs !
Mon passage préféré :
C'est curieux, finit par remarquer le premier, le plus jeune, toutes ces fenêtres d'appartement. Qu'est-ce qu'il y a de curieux là dedans? Toutes ces vies différentes qui se cachent derrière ces vitres. Je me demande ce qui s'y passe. Machinalement, ils se mirent à scruter la succession des petites fenêtres qui leur faisaient face, de l'autre côté de la courée. Il y avait des balcons fleuris, certains avec des géraniums, d'autres avec des plantes en plastique dont la couleur s'était délavée sous l'effet des averses successives. On voyait sécher du linge, et des fils couraient d'un appartement à l'autre sans que l'on pût savoir quelle pouvait être leur fonction. T'as vu? Celui-là, il a coincé une roue de vélo sur un appui de fenêtre. L'autre ne répondit pas, il continuait à inspecter avec distraction chacune des fenêtres. L'une d'elle était entrouverte et il put distinguer nettement une jeune femme noire penchée sur son vie, occupée à faire la vaisselle. En tout cas, reprit le premier, elles sont toutes un peu miteuses, ça sent pas vraiment le fric, par ici. Le second, le plus âgé, le regarda et poussa un soupir de lassitude. Au cas où t'aurais pas remarqué, on n'est pas à Neuilly, ici. On est dans ce qu'on appelle pudiquement un quartier populaire. Tu t'attendais à voir pendre des carrés Hermès aux fils à linge? Ils abandonnèrent leurs observations sociologiques...
Ca a l'air sympa ^^
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