LE RAPPORT DE BRODECK - Philippe Claudel

A la fin de la seconde guerre mondiale, dans un village "perdu" un étranger venu s'installer quelques mois auparavant est sauvagement assassiné. Brodeck est chargé de rédiger le rapport détaillant le drame et ses causes et va, pour cela, s'en référer aux villageois auprès desquels il enquête. Les langues vont petit à petit se délier pour laisser apparaître alors toutes les atrocités que l'homme est capable de faire mais surtout de justifier et cautionner. La construction du récit est très particulière car il est finalement moins question du meurtre (dont on ne saura pas grand chose au final) que de questions relatives à la psychologie humaine et aux phénomènes de groupe. L'enquête n'avance que très lentement car elle se construit sur des non-dits, sur la peur des uns et la lâcheté des autres. Un roman très sombre dont on ne sort pas indemne...

J'ai été mal à l'aise tout au long de ma lecture. Je n'ai pas réussi à situer vraiment le personnage de Brodek et étais dans l'attente du dénouement de l'enquête. Ce n'est qu'au bout d'un certain moment que j'ai compris que l'enquête n'était pour l'auteur qu'un "prétexte" pour aborder des questions liées plutôt aux conduites humaines. Je partage tout de même ce livre avec vous car son style est particulier et les thèmes abordés (malheureusement) intemporels. Philipe Claudel écrit malgré tout avec poésie et fluidité. A essayer :)

Mon passage préféré :
Les hommes sont bizarres. Ils commentent le pire sans trop se poser de questions, mais ensuite, ils ne peuvent plus vivre avec le souvenir de ce qu'ils ont fait. Il faut qu'ils s'en débarrassent. Alors ils viennent me voir car ils savent que je suis le seul à pouvoir les soulager, et ils me disent tout. Je suis l'égout Brodeck. Je ne suis pas le prêtre, je suis l'homme-égout. Celui dans le cerveau duquel on peut déverser tout les sanies, toutes les ordures pour se soulager, pour s'alléger. Et ensuite, ils repartent comme si de rien n'était. Tout neufs. Bien propres. Prêts à recommencer...

Commentaires

  1. Monique15:03

    On ne sort jamais indemne d'une lecture de P. Claudel ;-)
    Monique

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