ITINÉRAIRE D'ENFANCE - Duong Thu Huong
Dans le Viêtnam des années 50, Bê, petite fille de 12 ans à qui la chance a toujours souri se voit un jour injustement exclue de son école, qu'elle affectionnait tant. Révoltée, cette petite fille admirablement téméraire décide de s'enfuir avec sa meilleure amie Loan afin de rejoindre son père, soldat posté dans les montagnes de la frontière nord du pays.
Ce voyage sera l'occasion pour elle d'apprendre à vaincre ses peurs, à écouter les sages qui croiseront sa route, à s'éloigner des malhonnêtes, à ouvrir les yeux sur l'importance de certaines valeurs humaines telle que le devoir, l'amitié, la famille...tout en découvrant la beauté époustouflante des couleurs, des sons, des odeurs et des paysages de son pays qui se remet avec peine de la guerre qui vient de le ravager.
Ce livre est aussi bien un itinéraire d'enfance qu'un voyage au coeur d'un Viêtnam meurtri dont il n'est de plume aussi grande que celle de Duong Thu Huong pour en décrire la douloureuse beauté.
"Itinéraire d'enfance" est un de mes livres préférés. L'un des rares livres à m'avoir fait voyagé au point que je me suis imaginée assise en face de Bê à partager avec elle son plat de "boeuf sauté au piment et aux jeunes feuilles de citronnelle" tant les scènes, les plats, les sons, les paysages y sont décrits à la perfection.
Duong Thu Huong figure sans aucun doute parmi les meilleurs écrivains contemporains qu'il m'ait été donné de lire. Dissidente politique en lutte pour la liberté et la démocratie au Vietnam, elle fait encore l'objet d'une surveillance particulière par les autorités de son pays, après y avoir été censurée.
Admirative de cette femme et amoureuse du Viêtnam où j'ai eu la chance de vivre durant un an, je me porte garante de l'authenticité du monde dans lequel vous allez embarquer à travers ce livre chers lecteurs :) N'attendez plus, lisez le !
Mon passage préféré : "Au coucher du soleil, le vieux Môc se met devant la case, les mains en porte-voix pour appeler ses amis d'un long hululement. La première à arriver est une femme d'une cinquantaine d'années, habillé d'une longue robe indigo avec une ceinture bleue également. Elle se tourne vers la montagne, émet l'appel à son tour. Les uns après les autres, les voisins s'interpellent et pendant une demi-heure, la vallée retentit de sons graves et modulés. Puis ils arrivent, tenant à la main chacun un faisceau de bambou. Môc m'explique que ce sont des torches qui leur permettront de rentrer chez eux après la fête.
Les invités se lavent les pieds en bas de l'échelle de service. L'eau est acheminée par de longs tronçons de bambou qui forment une gouttière depuis la source. Après ces ablutions, les invités laissent leurs sandales en bas de l'échelle, traversent pieds nus la cuisines puis la pièce principalepour ressortir sur la terrasse de devant. Le vieux Môc nous explique : "Les amis intimes entrent par la porte de derrière, les invités d'honneurs, les étrangers entrent par la porte de devant". Une fois que tous se sont installés :
- Aujourd'hui, j'ai fait la rencontre de deux jeunes filles de la plaine. j'ai tué un cochon pour vous inviter, vous, mes voisins du village, à partager mon bonheur. Mon riz n'est pas assez bon pour les hommes, ma viande pas assez tendre pour les femmes, mais ma joie est sincère. Buvons ensemble."
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