PARLE-LEUR DE BATAILLES, DE ROIS ET D'ÉLÉPHANTS - Mathias Enard
1506, à Rome, l'éminent peintre et sculpteur Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, dit Michel-Ange, s'attire les foudres du pape Jules II en abandonnant la construction du tombeau que celui-ci lui avait commandé. Tardant à percevoir sa rémunération de la part du pape, c'est même avec un certain désir de vengeance que Michel-Ange décide d'accepter l'invitation de Bayezid II, dit le juste, grand sultan de l'empire Ottoman, qui a un projet d'une autre envergure pour lui : la réalisation d'un pont sur la Corne d'Or visant à relier les parties asiatiques et européennes de la ville de Constantinople. Un projet dans lequel le grand Leonard avait lui-même quelques temps auparavant échoué...
Voici donc le récit de ces quelques semaines passées à Constantinople entre rencontres sensuelles et découverte d'un monde Oriental aussi poétique que mystérieux et envoûtant. Il sera moins question dans ce conte de ce fameux pont que des amours ambiguës du grand peintre, de sa fascination pour sa belle danseuse Andalouse, de réflexions menées sur l'Art et la création, le tout dans une atmosphère ouatée digne des Mille et Une Nuits... Ce livre est-il un voyage? Un conte? Un poème? Ou tout simplement un chef d'oeuvre...
Amoureuse de littérature Orientale classique, j'ai non seulement adoré ce livre mais en ai été aussi très émue. L'écriture poétique et très imagée de Mathias Enard d'une part m'a totalement envoûtée et transportée. Un plaisir à chaque tournure de phrase, chaque métaphore, chaque image...
Mais plus que tout, j'ai aimé le voyage dans lequel j'ai embarqué le temps de ce récit. Un voyage aussi bien à travers l'espace qu'à travers le temps. Un voyage au pays de l'Art mais aussi au pays de l'amour et de la sensualité. Un livre que tout amoureux de littérature devrait avoir dans sa bibliothèque chers lecteurs ! :)
Mon passage préféré :
"Je n'existe pas. Tu le découvres peut-être maintenant ; tu en souffriras plus tard, sans doute ; tu oublieras ; tu auras beau couvrir les murs de nos visages, nos traits s'effaceront peu à peu. Les ponts sont de belles choses, pourvu qu'ils durent ; tout est périssable. Tu es capable de tendre une passerelle de pierre, mais tu ne sais pas te laisser aller aux bras qui t'attendent. Le temps résoudra tout cela qui sait. Le destin, la patience, la volonté. Il ne restera rien de ton passage ici. Des traces, des indices, un bâtiment. Comme mon pays disparu, là-bas, de l'être côté de la mer. Il ne vit que dans les histoires et ceux qui les portent. Il leur faudra parler longtemps de batailles perdues, de rois oubliés, d'animaux disparus. De ce qui fut, de ce qui aurait pu être, pour que cela soir de nouveau."
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